La gestion par la Fifa des conséquences de l’invasion russe en Ukraine révèle à quel point Gianni Infantino est peu enclin à abandonner ses « amis ». Même les moins recommandables.
Amis pour la vie ! Pour le patron de la Fifa, Gianni Infantino, l’amitié semble sacrée. Cette vertu peut cependant se transformer très vite en amoralité, comme constaté ces derniers jours dans le cas de Vladimir Poutine.
Le président russe en guerre sur le territoire ukrainien depuis le jeudi 24 février, est devenu un paria aux yeux du monde. Alors que les sanctions internationales s’abattaient sur son pays aux fins de l’isoler dans sa logique guerrière et que le monde du sport était appelé à agir, la Fifa s’est muée dans un silence assourdissant. D’autant que l’UEFA avait, dès les premiers jours suivant le début des hostilités en Ukraine, retiré l’accueil de la prochaine finale de la C1 à Saint-Pétersbourg.
Semblant d’action
Sous pression, l’instance mondiale du ballon rond sortira de son silence, dimanche 27 février, pour annoncer certaines sanctions. C’est-à-dire l’organisation des prochains matchs de l’équipe nationale russe sur un terrain neutre, sans hymne ni bannière pour les Sbornaïa. Un début d’action qui n’a fait que renforcer la détermination des détracteurs de la Russie à voir la Fifa sanctionner cette dernière, surtout en perspective du prochain Mondial de foot prévu au Qatar.
24 heures après cette première série de sanctions fortement rejetée, principalement par les prochains adversaires de la Russie, la Fifa se résoudra à bouter le pays hors des prochains barrages qualificatifs pour le Mondial qatari. Mais loin de susciter des satisfecit, cet épisode a levé le voile sur la propension du président de l’organisme de Zurich à demeurer, quoi qu’il en coûte, dans les bonnes grâces de ses contacts les plus privilégiés.
Signes avant-coureurs
C’est en effet sous la présidence de Gianni Infantino que la Fifa avait décidé de confier, l’année dernière, l’organisation du Mondial de beach soccer à Moscou au mépris des recommandations de l’Agence mondiale antidopage. La Russie auteure de l’annexion de la Crimée en 2014 n’a eu aucun mal à accueillir la coupe du monde de football, quatre ans plus tard. Le même Infantino a publiquement prôné une nouvelle image de la Russie dans la foulée du scandale de dopage des athlètes russes.
C’est dire que tant qu’il peut en tirer un intérêt, le successeur de Sepp Blatter n’a aucun scrupule à s’acoquiner avec des gens peu fréquentables. Après tout, il reste détenteur de la médaille de l’Ordre russe de l’amitié reçue des mains de Poutine en 2019.