Les organisateurs du prestigieux salon aéronautique sont sous pression en raison de la participation potentielle d’entreprises soupçonnées de contribuer aux conflits israélo-palestinien, russo-ukrainien et soudanais.
Israël sera-t-il représenté à la prochaine édition du Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE) ? Il appartient désormais à la justice de trancher cette question.
À quelques semaines de l’événement prévu du 16 au 22 juin à l’aéroport du Bourget, près de Paris, deux assignations en référé ont été déposées au tribunal judiciaire de Bobigny pour empêcher la participation de l’État hébreu et des entreprises qui collaborent avec lui.
En cause : l’implication du pays du Premier ministre Benyamin Netanyahou dans la situation à Gaza, qualifiée de « génocide » par de nombreux rapports internationaux. Cette démarche juridique vise également les entreprises accusées de contribuer aux crimes internationaux commis en Ukraine et au Soudan.
« Le Bourget est un événement majeur. Notre objectif est d’empêcher Israël de se fournir en armes ou d’en vendre, et de conclure de nouveaux partenariats avec des entreprises étrangères », explique au journal Le Monde, Joël Bedda, représentant d’Al-Haq, association de défense des droits des Palestiniens impliquée dans l’offensive judiciaire.
Enrayer la mécanique de l’armement
Elle est accompagnée par l’Union juive française pour la paix, Attac, Stop Fueling War et Survie. Pas moins de 145 organisations, partis politiques, collectifs et syndicats se sont également joints à cette démarche.
Selon les plaignants, la situation à Gaza, qualifiée de plausiblement « génocidaire » par une ordonnance de la Cour internationale de justice du 26 janvier 2024, impose aux États tiers de s’abstenir de contribuer à son maintien et d’empêcher tout lien commercial susceptible de la perpétuer.
Le recours intervient alors que huit entreprises israéliennes ainsi que la direction de la coopération du ministère israélien de la défense figurent parmi les exposants du salon, selon la liste consultée par Le Monde.
Sont également présentes de nombreuses entreprises internationales – américaines, britanniques, allemandes, norvégiennes, turques et françaises – qui collaborent avec l’industrie de défense israélienne.
Tous les circuits d’approvisionnement visés
Les associations dénoncent par ailleurs la participation d’entreprises qui alimenteraient indirectement les conflits russo-ukrainien et soudanais par le biais de livraisons d’armes à des pays tiers.
Ainsi, les Émirats arabes unis sont pointés du doigt par des experts de l’ONU pour leur violation de l’embargo sur les ventes d’armes au Soudan en vigueur depuis 1994, à travers l’approvisionnement des Forces de soutien rapide (FSR). Abou Dhabi, premier importateur d’armes françaises, peut compter sur la coopération de nombreuses entreprises tricolores.
Concernant l’Ukraine, les plaignants invoquent les interdictions européennes de vendre ou transférer des biens à double usage vers la Russie. Ils s’appuient également sur une jurisprudence française, notamment l’arrêt de la Cour de cassation validant la mise en examen des responsables du cimentier Lafarge pour complicité de crimes contre l’humanité, en janvier 2024.