L’origine insaisissable du Covid-19

Un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé privilégie l’hypothèse d’une transmission naturelle du virus de l’animal à l’homme, tout en soulignant que la source exacte de la pandémie reste indéterminée.

Plus de cinq ans après les premiers cas rapportés à Wuhan en décembre 2019, il demeure impossible de déterminer avec exactitude le point de départ du SARS-CoV-2, le virus déclencheur de la pandémie de Covid-19.

Les efforts pour élucider ce qu’il convient de désigner désormais comme le plus grand mystère de ce siècle n’ont pourtant pas manqué. En témoigne le rapport du Groupe consultatif scientifique pour les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO), rendu public le 27 juin dernier.

Avec des conclusions pour le moins circonspectes. En effet, ce groupe d’experts de 27 membres mandatés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) privilégie la prudence face aux deux principales hypothèses actuellement sur la table.

« En l’état actuel des choses, toutes les hypothèses doivent rester sur la table, y compris celles relatives à la propagation zoonotique et à la fuite de laboratoire », indique Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l’organisation onusienne lors de la présentation de ce travail, fruit de 52 réunions initiées  depuis novembre 2021.

Une quête scientifique aux ramifications géopolitiques

L’hypothèse zoonotique « est actuellement considérée comme la mieux étayée par les données scientifiques disponibles« , selon les experts du SAGO. Cependant, cette préférence scientifique ne suffit pas à clore le débat.

Ils estiment que le scénario de l’accident « ne peut être exclu ni prouvé sans information supplémentaire« , pointant du doigt les lacunes cruciales dans les données disponibles.

En effet, tout au long de leurs travaux, les scientifiques se sont heurtés au manque de coopération de plusieurs acteurs, notamment la Chine, qui s’efforce depuis le début de la pandémie de construire un narratif destiné à la dédouaner de l’émergence de ce virus dont le premier porteur a pourtant été identifié sur son sol.

« Nous avons souffert d’une politisation du sujet », affirme ainsi le virologue Jean-Claude Manuguerra, coprésident du SAGO, évoquant un « travail difficile ».

Les pièces manquantes du puzzle viral

L’OMS a fait plusieurs demandes au gouvernement chinois pour obtenir des documents sur les pratiques de biosécurité dans les laboratoires de Wuhan, mais sans succès.

« Nous continuons d’appeler la Chine et tout autre pays disposant d’informations sur les origines du Covid-19 à les partager ouvertement, afin de protéger le monde contre de futures pandémies », déclare Tedros Adhanom Ghebreyesus face aux données manquantes.

Celles-ci concernent notamment 500 séquences génétiques de virus prélevées sur les premiers patients chinois, des informations sur les animaux vendus sur les marchés de Wuhan et sur les filières de commerce illicite.

Selon le rapport, « la pandémie de Covid-19 a causé tant de souffrances et de dévastation dans le monde entier qu’il est inadmissible que le monde ne sache pas exactement comment cette pandémie a commencé« , alors que l’OMS estime le nombre de morts dans le monde à 20 millions.

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