Des alertes médicales font cas d’un champion multirésistant baptisé Candida auris qui sévit actuellement dans les hôpitaux du monde entier. Il fait partie des champignons résistants aux antifongiques, à l’instar de ces « superbactéries » insensibles aux antibiotiques. Malgré la menace qu’il représente, le Candida auris serait mis sous le tapis par les établissements de santé.
Un tueur silencieux
Candida auris, c’est le nom de la nouvelle menace contre la santé mondiale. Ce champignon multirésistant se propagerait dans les hôpitaux du monde entier avec l’insouciance des établissements sanitaires. Pourtant, avertit-on, il est pratiquement insensible aux antifongiques comme les « superbactéries » le sont aux antibiotiques. Pis, ce champignon entrainerait chaque année la mort de 700.000 personnes dans le monde.
Plus de 620 détectés en Europe dont 2 en France
Depuis le premier cas détecté en 2009 au Japon, l’infection s’est répandue à de nombreux pays d’Europe, d’Amérique du sud et d’Asie dont le Canada, la Chine, la Colombie, la Corée du Sud, les États-Unis, l’Inde et Venezuela. Aux États-Unis, par exemple, environ 587 cas ont été enregistrés depuis l’apparition du pathogène en 2013. En Europe, le Centre européen de prévention et contrôle des maladies (ECDC) a recensé 620 contaminations dans six pays, entre 2013 et 2017, dont deux en France. La majorité des patients infectés vient d’Espagne et du Royaume Uni.
Si Candida auris (aussi appelé C.auris) est une menace contre la santé mondiale, ce champignon n’est effectivement dangereux que pour une certaine catégorie d’individus. Il s’agit des patients présentant un système immunitaire affaibli ou ayant subi une opération. Le champion s’introduit par les blessures, les oreilles ou les voies urinaires puis colonise le système sanguin. Quand il a atteint ce niveau de contamination, le Candida auris devient mortel dans 30 % à 57 % des cas.
Ne rien dire aux patients pour ne pas les affoler
Malgré sa dangerosité, le champignon fait l’objet d’un certain dédain ou d’une négligence de la part des établissements de santé. Si les hôpitaux ne mettent pas plus d’un an à s’apercevoir de la contagion, ils l’ignorent carrément. Mais pour Silke Schelenz, qui s’exprimait dans les colonnes du New York Time, « Les établissements de santé craignent de perdre leur réputation » en affolant les patients, explique le spécialiste des maladies infectieuses. Les hôpitaux se sont toujours contentés de fermer temporairement leurs portes par précaution, sans jamais indiquer le motif de leurs actions. C’est ainsi qu’ont procédé le Royal Brompton Hospital de Londres, en 2016 et la polyclinique La Fe de Valence en Espagne en 2017.