Côte d’Ivoire : un mandat d’arrêt international lancé contre Soro Guillaume

Alors qu’il rentrait en Côte d’Ivoire après 6 mois d’absence, Guillaume Soro a dû atterrir au Ghana pour éviter une arrestation à l’aéroport Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, où ses partisans devaient l’attendre.

 

Alors qu’il rentrait en Côte d’Ivoire après 6 mois d’absence, Guillaume Soro a dû atterrir au Ghana pour éviter une arrestation à l’aéroport Félix Houphouët Boigny d’Abidjan, où ses partisans devaient l’attendre. Le régime ivoirien a émis un mandat d’arrêt contre lui pour « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national ».

Le projet de déstabilisation devait être mis en œuvre incessamment

Après six mois à l’étranger et plusieurs reports, Guillaume Soro avait finalement pris son courage à deux mains pour rentrer en Côte d’Ivoire ce weekend. Il était attendu à Abidjan le dimanche 22 décembre, espérant sans doute profiter de la présence du président français Emmanuel Macron pour rentrer sur la pointe des pieds. Mais le régime d’Abidjan l’a contraint à reporter son arrivée au lendemain.

Lundi, en partance pour la Côte d’Ivoire, l’avion de l’ex chef rebelle a dû atterrir au Ghana pour éviter une arrestation imminente. Selon son conseiller, Alain Lobognon, c’était pour « des raisons de sécurité »… Pas tout à fait. Guillaume Soro est en fait accusé de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national », a annoncé plus tard le procureur de la République d’Abidjan, Richard Adou, à la télévision publique. Des « éléments en possession des services de renseignement » établissent « clairement que le projet devait être mis en œuvre incessamment », a-t-il affirmé, sans plus de détails.

Irruption de la police au siège du parti de Soro

L’ancien Premier ministre (2007-2010 et 2011-2012) se voit aussi coller une information judiciaire pour « détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux portant sur la somme de 1,5 milliard de francs CFA » (environ 2,25 millions d’euros), a déclaré le procureur.

Ce même lundi, les forces de l’ordre ont assailli le siège de son parti, Générations et Peuples solidaires (GPS), dans le quartier chic de Cocody (Abidjan). Elles ont arrêté plusieurs de ses proches , dont son petit frère Simon Soro, président de l’ONG LA VIE et Alain Lobognon, député et vice-président du MVCI, un mouvement pro-Soro.

Un mandat d’arrêt au goût de règlement de compte politique

Si l’ex Président de l’Assemblée Nationale (2012-2019) est effectivement justiciable, les accusations portées par le procureur fantoche Adou Richard relèvent d’une volonté politique de nuire à l’ancien ministre ivoirien. Car pourquoi ressort-on les dossiers seulement maintenant ?

Autrefois très proche d’Alassane Ouattara, qu’il a porté au pouvoir en assumant la paternité de la rébellion (2002-2010), Soro Guillaume a pris ses distances avec le président ivoirien depuis près d’un an. Le chef de l’Etat ivoirien, qui ne cache plus ses intentions de se représenter en 2020, voulait brider ses ambitions présidentielles. De plus, Ouattara préfère son « ombre », le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly pour lui succéder, au cas où Paris opposait un refus à son appétit présidentiel.

L’homme à abattre pour le régime

Depuis la rupture d’avec le chef d’Etat ivoirien, Soro manœuvre pour son propre compte, à travers son parti Générations et peuples solidaires (GPS). L’ennemi de mon ennemi étant mon ami, l’ex Premier ministre a réussi à trouver des alliés de circonstances. D’abord au sein du PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié, puis parmi la galaxie patriotique de Laurent Gbagbo. Il a surtout le soutien des anciens camarades de la toute puissante Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI) dont il fut le secrétaire général vers la fin des années 1990.

Fort de ces connexions, Soro Guillaume se présent clairement comme le principal « danger » pour Ouattara et son parti, le RHDP. De plus, contrairement aux autres leaders de l’opposition, Soro Guillaume a une « armée » à lui. Une partie des Forces Nouvelles, qui ont porté Ouattara au pouvoir, lui reste fidèle. Selon les experts des Nations unies en Côte d’Ivoire Soro et ses hommes détiendraient une quantité importante d’armes et de munitions (300 tonnes selon les estimations).

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