Reconnaissance faciale : le gouvernement envisage une expérimentation dans les lieux publics

Dans un entretien au Parisien, le mardi 24 décembre, le secrétaire d'Etat au Numérique, Cédric O, a exprimé le souhait du gouvernement de lancer une expérimentation de la reconnaissance faciale en temps réel sur des images de vidéosurveillance.

 

Le gouvernement français envisage de tester un système de reconnaissance faciale intégrée aux caméras de vidéosurveillance. Une expérimentation qui sera menée de six mois à un an, sous le contrôle de chercheurs et de personnes de la société civile.

Un test qui concerne uniquement les personnes consentantes

Dans un entretien au Parisien, le mardi 24 décembre, le secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, a exprimé le souhait du gouvernement de lancer une expérimentation de la reconnaissance faciale en temps réel sur des images de vidéosurveillance. Cette phase devrait durer de six mois à un an, « sous la supervision de la société civile et de chercheurs », précise le membre du gouvernement. Au départ, Cédric O devait s’exprimer sur la biométrie, et notamment la mise en place du système Alicem (Authentification en ligne certifiée sur mobile), une application qui permettra de se connecter aux services publics à l’aide de son smartphone et de la reconnaissance faciale.

Concrètement, « pour les personnes consentantes », il s’agira de se faire identifier sur les caméras de surveillance dans les gares et les aéroports afin d’accéder aux quais ou à la zone d’embarquement sans sortir son billet. Selon Cédric O ce test doit permettre d’avoir des retours sur les différents cas d’usage et sur la performance réelle de cette technologie, ainsi que sur les questions qui se posent.

Des inquiétudes émises par des ONG

Toutefois, comme il le reconnait lui-même, « il y a de toute évidence des avantages, et des opportunités, mais aussi un certain nombre de risques pour les libertés publiques ». La semaine dernière justement, 80 organisations – dont l’Observatoire des libertés et du numérique – avaient rédigé un appel pour réclamer l’interdiction de « la reconnaissance faciale sécuritaire » en ciblant notamment les portiques « Parafe » utilisés par les forces de l’ordre dans plusieurs aéroports et gares. Elles craignent tout simplement une dérive sécuritaire et une utilisation exclusivement répressive de la vidéosurveillance. Le député européen Raphaël Glucksmann partage cette inquiétude. Il estime que « Si nous continuons à somnoler, nous finirons par nous réveiller en Chine. Et tout aura été fait pour notre « bien », évidemment. ».

Le règlement général sur la protection des données (RGPD) interdit « l’utilisation de la reconnaissance faciale sans le consentement des personnes qui y sont soumises ». Ainsi, seuls les individus qui auront donné leur accord participeront à ce test durant ce laps de temps, relayent Les Echos.

« Il y aura probablement une manière « physique » de s’inscrire »

Face à ces critiques, Cédric O rassure : « Pour l’instant, aucune date de déploiement plus large d’Alicem n’a été validée. Un travail de consultation est en cours par le Conseil National du Numérique ainsi qu’une mission parlementaire. Il nous faut toutefois continuer à tester l’application afin de pouvoir proposer aux Français une solution d’identité certifiée en ligne à l’horizon mi-2021. Celle-ci devra permettre de s’identifier de manière élevée, c’est-à-dire d’accéder à des usages qui nécessitent de certifier l’identité de la personne devant l’écran ou le téléphone portable ».

L’ancien trésorier de La République en Marche a par ailleurs rappelé que rien ne forcera les utilisateurs à se servir de cette technologie régulièrement remise en cause par la Cnil. « Le jour où nous déploierons largement une solution d’identité numérique, nous proposerons nécessairement une alternative à la reconnaissance faciale pour s’enrôler. Il y aura probablement une manière « physique » de s’inscrire, en se déplaçant en guichet – dans votre mairie par exemple», a fait valoir le membre du gouvernement, toujours dans les colonnes du Parisien.

Ce que va permettre cette technologie

Cédric O a fait valoir que Alicem permet aujourd’hui d’accéder à plusieurs services publics comme les impôts ou encore son compte Ameli. Mais cet usage pourrait s’étendre à de nombreux services de l’Etat et privés, qui nécessitent une identification physique, notamment dans la santé, pour le renouvellement des cartes d’identité, l’ouverture d’un compte en banque ou l’accès à des services de jeux en ligne.

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