Le procès en destitution de Donald Trump a connu son épilogue mercredi. Le 45e président des Etats Unis a été acquitté à l’issue du vote au Sénat, où les républicains sont majoritaires. Au-delà des élus, c’est l’Amérique toute entière qui se retrouve divisée.
La guerre de tranchées entre des démocrates et républicains
Lors d’un vote solennel mercredi suivi en direct à la télévision par des dizaines de millions d’Américains, le Sénat a estimé, par 52 voix sur 100, que Donald Trump ne s’était pas rendu coupable d’abus de pouvoir, ni d’entrave à la bonne marche du Congrès, avec 53 voix. Les votes sur les deux articles de mise en accusation ont suivi presque parfaitement la ligne de partage entre les deux grands partis, contrairement aux cas de Bill Clinton en 1999 .
Le seul à rompre les rangs s’appelle Mitt Romney, sénateur républicain de l’Utah et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2012. Il a en effet jugé Donald Trump coupable d’abus de pouvoir. Mais l’a exonéré pour la deuxième accusation, celle d’obstruction au Congrès.
Après sa victoire, Donald Trump a jubilé jeudi à la Maison Blanche. Euphorique, il a prononcé un discours de célébration de son acquittement, laissant éclater sa joie, et n’oubliant pas d’attaquer ses adversaires au passage. « Maintenant je suis acquitté, totalement acquitté, et c’est un mot merveilleux », a lancé le présidentn en brandissant fièrement la Une du Washington Post barré du mot « Acquitté ». « Je ne pense pas qu’un autre président aurait pu supporter cela. Nous avons vécu l’enfer mais je n’ai rien fait de mal », s’est-il défendu.
« Ils sont vicieux, vicieux comme l’enfer »
Le milliardaire républicain a ensuite pris pour cible Mitt Romney. « Je n’aime pas les gens qui utilisent leur foi pour justifier leurs mauvaises actions », a-t-il attaqué, faisant référence au discours de l’élu républicain qui a expliqué avoir agi en fonction de sa « conscience » et de sa « foi » mormone qui l’obligent à respecter son serment d’impartialité.
Puis Trump a insulté Adam Schiff et Nancy Pelosi, les deux démocrates qu’il rend responsables de sa mise en accusation. « Ils sont vicieux, vicieux comme l’enfer, mais ils restent soudés et ils peuvent recommencer », a-t-il persiflé avant de se justifier sur l’appel téléphonique controversé qu’il a passé à son homologue ukrainien.
Les démocrates accusent le locataire de la Maison d’avoir fait pression sur son homologue ukrainien Volodimir Zelenski et conditionné le déblocage d’une aide militaire à l’ouverture par les autorités ukrainiennes d’enquêtes contre Joe Biden, son possible adversaire démocrate au scrutin de novembre.
L’Amérique profondément divisée
Le procès en destitution de Donald Trump a mis en évidence les profondes divisions aux Etats Unis. Selon un sondage Reuters/Ipsos publié jeudi, 43% des Américains soutiennent l’acquittement voté mercredi au Sénat tandis que 41% le désapprouvent. Aussi, 48% des Américains considèrent que Donald Trump est probablement coupable des faits et que le Sénat l’a protégé et 39% à le penser innocent. En outre, 85% des électeurs démocrates soutenaient ces derniers jours la destitution du président, contre moins de 10% pour les républicains.
Trump en sort renforcé
Depuis le début, les démocrates savaient pertinemment que la procédure d’ « impeachment » n’aboutirait à rien, vu la configuration actuelle du Sénat. Ils ont simplement calculé qu’exposer l’affaire ukrainienne dans la plus grande clarté possible ne pourrait que pénaliser le président des Etats-Unis lors de la présidentielle prochaine, à défaut de l’écarter tout bonnement.
Les démocrates n’auront eu que l’effet inverse. Donald Trump a amélioré son image pendant cette procédure. Il reste à savoir si cette amélioration va se pérenniser. Le 45e président des Etats Unis confirme par ailleurs son emprise sur son parti, sur les institutions américaines et sur ses électeurs.