Deux mois après l’irruption des premiers cas de coronavirus sur le continent et les prédictions apocalyptiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique résiste toujours mieux que le reste du monde. Le continent ne compte aujourd’hui qu’un peu plus de 37 000 cas recensés (y compris les personnes déjà guéries) et 1 600 décès. Contre plus de 3,2 millions de malades et plus de 228 000 morts dans le monde. Quels facteurs pourraient expliquer cette apparente résilience ?
Le virus ne résisterait pas à la chaleur
L’Afrique, le continent le plus pauvre au monde et le moins équipé, n’héberge que 1,1 % des malades et 0,7 % des morts. Mieux, elle enregistre plus de 12 000 guérisons. Une performance qui contraste avec la défaillance de son système de santé. Comment expliquer cette situation ? Le climat constitue l’une des principales raisons du peu de cas en Afrique. Comme la grippe, le coronavirus supporterait mal la chaleur et la sécheresse. Or l’Afrique reste un continent très exposé au soleil. Un rapport américain du 24 avril affirme que la demi-vie du virus, c’est-à-dire la période nécessaire pour que sa puissance de contamination soit réduite de moitié, peut passer de 18 à 6 heures si la chaleur et l’humidité augmentent.
La seconde explication est que l’Afrique a une certaine expérience des épidémies. On songe bien sûr à Ebola. Le personnel soignant mais aussi les populations ont une certaine habitude des situations de crise sanitaire. C’est pourquoi, les autorités ont pris plus rapidement que d’autres la mesure du danger et ont mis en place très tôt le contrôle ou la fermeture des frontières, la distanciation ou le confinement.
Une immunité génétique ou acquise ?
Aussi, certains chercheurs pensent que les Africains ont acquis la protection indirecte d’autres traitements comme ceux du paludisme et de la tuberculose. Certains remèdes antipaludéens comme la chloroquine ont effectivement montré une certaine efficacité. D’autres scientifiques vont plus loin en parlant d’une immunité « génétique » des Africains. Ils seraient protégés par leur ADN, qui, pour une raison restant à déterminer, serait plus robuste face au coronavirus. Une hypothèse plus modérée opte pour une immunité acquise à force de vivre avec des maladies depuis plusieurs décennies.
Une population très jeune
Une cinquième raison : l’extrême jeunesse de la population africaine. Les médecins confirment que la majorité des cas sévères de Covid-19 concerne des personnes de plus de 60 ans, ce qui représente une chance pour le continent, où l’âge médian est de 19,4 ans et où 60 % de la population a moins de 25 ans. Parmi les nombreuses autres explications retenons les déplacements limités en Afrique (donc moins de contaminations), la mutation du virus importé par des expatriés (il existerait d’ailleurs plusieurs souches du Covid-19) et le mode de vie des Africains. Par exemple, les personnes âgées vivent au sein des familles et pas dans des Ehpad comme En France. Donc elles sont moins exposées au coronavirus car profitant de « l’immunité» des plus jeunes.
S’il ne faut pas crier vite victoire, notons tout de même que les 300.000 décès craints par l’OMS paraissent exagerés, alors que le monde entier entame son déconfinement.