Autisme : vers une détection plus précoce chez les bébés

Un enfant assis sur un tapis.

 

Des chercheurs français vont tester, à partir de 2023, une nouvelle technologie d’imagerie médicale permettant de diagnostiquer plutôt l’autisme chez les bébés. Simple d’utilisation et non-invasive, cette innovation détecte d’infimes variations de l’activité des cellules nerveuses pour dépister la maladie.

Baisser le diagnostic à moins d’un an

Selon des chiffres de l’agence nationale de santé publique, plus de 120.000 personnes étaient atteint d’autisme en France, en 2017. Soit  0,18% de la population. Dans le monde, on compte en moyenne une personne sur 160 présentant un trouble du spectre autistique (TSA). Aujourd’hui, il n’existe pas de traitement qui permette d’en guérir. Mais les médecins peuvent intervenir plus efficacement avec une détection dès les premières années de vie. D’où le besoin d’un diagnostic précoce.

Or, actuellement, l’âge de dépistage de l’autisme tourne autour de 5 ans. Trop tard encore. Heureusement une nouvelle technologie d’imagerie médicale promet une détection avant 6 mois ou un an. Mise au point par la start-up française Iconeus, qui exploite des technologies de l’INSERM et du CNRS, cette innovation permet de détecter d’infimes variations de la circulation sanguine. Et donc de cerner l’activité des cellules nerveuses, dès les premiers mois de l’enfant. L’appareil cartographie les zones du cerveau dont le fonctionnement paraît anormal et oriente vers un diagnostic très précoce pour une prise en charge plus efficace.

Cent fois plus sensible qu’un échographe standard

Depuis plusieurs années, un examen par IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire) donne des résultats quasiment similaires. Mais il implique de placer le jeune patient à l’intérieur du dispositif. Ce qui parait inconcevable pour un simple dépistage sur des nouveau-nés. D’ailleurs, voir le cerveau en fonctionnement reste difficile chez le bébé.

L’appareil d’Iconeus se veut plus simple d’utilisation, moins invasif et cent fois plus sensible qu’un échographe standard. Portative et beaucoup moins chère qu’une IRM, la machine se pose simpleme,y sur la fontanelle du bébé pour analyser les flux sanguins de son cerveau en temps réel. Elle a été testée sur des souris, en plaçant une sonde sur la tête des rongeurs. Les scientifiques ont pu identifier des zones du cerveau problématiques chez ces cobayes.

Deux phases de tests entre 2023 et 2026

Début 2023, Iconeus testera le fonctionnement de l’appareil sur quelques dizaines de bébés au sein de l’hôpital Robert-Debré à Paris. Les scientifiques établiront les valeurs de la « normalité » puis feront du monitoring. Ils compareront les images cérébrales obtenues sur des enfants nés à terme avec celles d’enfants nés prématurés. Ces derniers ont généralement un risque plus élevé d’être atteint d’autisme. L’essai suivra les enfants durant trois ans pour apprécier l’efficacité de l’accompagnement et des thérapies mises en place.

Une deuxième phase interviendra entre 2023 et 2026. Les chercheurs soumettront alors plusieurs centaines de bébés à ce nouvel examen d’imagerie, puis les suivront sur plusieurs années. Pendant cette longue période, ils s’attelleront à déterminer si les signaux anormaux seront corroborés par les méthodes habituelles de diagnostic de l’autisme. Notons que la startup Iconeus produits plusieurs autres machines utiles dans divers domaines où il y a un besoin d’imagerie vasculaire microscopique. Par exemple pour l’étude de maladies rares ou neurodégénératives, le diagnostic précoce de l’AVC et le suivi de patients dans le coma.

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