En France, la mort de Nahel, un adolescent franco-algérien a provoqué une vive émotion et des violences dans plusieurs villes. Vendredi, la colère n’avait toujours pas baissé. Des membres de la majorité et des élus de droite ont proposé l’instauration d’un état d’urgence. Mais cette idée ne plaît pas au gouvernement.
En France, la mort de Nahel, un livreur de 17 ans, suscite des émeutes depuis plus de trois jours. Le jeune franco-algérien a été tué mardi lors d’un contrôle routier mené par deux motards de la police dans les environs de Paris. Il se trouvait au volant d’une voiture avec un passager à bord.
Des émeutes à Paris, Marseille, Reims, Nantes…
A Nanterre, sa ville natale, les habitants ont organisé le même jour une marche blanche pour lui rendre hommage. Mais très rapidement la situation a dégénéré. En effet, des manifestants ont incendié des voitures et tiré des mortiers d’artifice ainsi que des grenades artisanales pendant trois jours. Ils ont également visé des bâtiments publics et une banque du Crédit mutuel.
Dans plusieurs autres villes de France, il y a eu des émeutes. Comme à Reims, où des individus ont pris pour cible un commissariat et volé des uniformes. A Nantes, c’est un supermarché qui a fait les frais du pillage à l’aide d’une voiture bélier. A Paris, la police a signalé plusieurs violences dans le centre-ville et en banlieue. Par ailleurs, l’on note d’autres actes de vandalisme sur des bus et des établissements scolaires notamment à Marseille, Bordeaux, Roubaix ou encore Lille.
Des individus encagoulés ou dissimulés sous des capuches
D’après le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, les forces de l’ordre ont procédé à 667 arrestations dans la seule nuit de jeudi à vendredi. Dans leur rang, 249 policiers et gendarmes ont été blessés. Aussi, la police signale la présence d’individus très jeunes (des mineurs entre 14 et 18 ans) encagoulés ou dissimulés sous des capuches parmi les émeutiers.
Très mobiles, ces casseurs auraient utilisé des moyens technologiques comme les réseaux sociaux pour coordonner leurs actions. Outre les plateformes connectées, le président de la République, Emmanuel Macron, blâme de son côté les jeux vidéo pour avoir motivé les violences urbaines.
Vers une généralisation des violences ?
Bien que le policier qui a tué Nahel a été mis en examen et écroué pour homicide volontaire, les manifestations ne faiblissent pas. Particulièrement à Marseille, Nice et Lyon, où il y a eu encore des tensions ce weekend. Le ministère de l’intérieur craint que la période pré-estivale ne favorise des violences sur la voie publique en raison d’une météo clémente.
Pour empêcher une généralisation des violences urbaines, certaines villes ont décrété des couvre-feux, tandis que d’autres ont interdit les rassemblements dans ou devant des lieux spécifiques. Le gouvernement, lui, a mobilisé 40 000 policiers et gendarmes, ainsi que des unités d’intervention d’élite comme le Raid (police) et le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).
La droite pour l’instauration de l’état d’urgence
Mais la droite et l’extrême droite pensent que ces mesures ne suffiront pas pour mettre fin à ces violences. Elles exhortent l’exécutif à instaurer l’état d’urgence, qui permet de prendre des mesures d’exception comme une interdiction de circuler.
Parmi la majorité, des élus ont dénoncé ce dispositif. Ils estiment que le recours à l’état d’urgence est un aveu d’échec de la part de l’Etat. Ils invitent le gouvernement à creuser d’autres pistes. Pour trouver une solution, Emmanuel Macron organise ce dimanche une réunion de crise à l’Elysée. Il a déjà présidé deux cellules interministérielles depuis la mort de Nahel.
L’ONU monte au créneau contre la police française
A l’international, des voix s’élèvent pour critiquer la réaction des autorités françaises. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme, notamment, a demandé à la police de respecter à « tout moment les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité ».
Aussi, il a appelé l’Etat français à « s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre ». Vendredi, l’Allemagne et la Norvège ont exprimé leurs inquiétudes sur la situation en France ces derniers jours, appelant même leurs ressortissants à la vigilance.