La cheffe de file des députés du Rassemblement national pourrait se retrouver dans l’inéligibilité dès 2025, hypothéquant ainsi ses ambitions pour la présidentielle 2027.
Le couperet est tombé dans la salle du Tribunal de grande instance de Paris ce mercredi 13 novembre 2024 concernant l’affaire des assistants parlementaires européens visant Marine Le Pen et une quarantaine de coaccusés, tous encartés au Rassemblement national (RN).
Le parti d’extrême droite accusée – en qualité de personne morale pour la circonstance – d’avoir bénéficié indûment des fonds du Parlement européen sur une période de plus d’une décennie, est ainsi reconnue coupable à partir d’un système savamment orchestré.
Loin d’un simple dysfonctionnement, l’accusation a dépeint un mécanisme bien huilé où l’argent européen aurait été « détourné sur instruction, avec l’aide et au profit du parti » fondé par le patriarche Jean-Marie Le Pen, un des principaux noms mis en cause dans ce dossier, mais demeuré absent aux audiences pour raisons de santé.
Avec un préjudice estimé 4,5 millions d’euros. Le réquisitoire du parquet prononcé donc tard mercredi, après plus d’un mois de procès, a ainsi évoqué 4,3 millions d’euros d’amendes à l’encontre du RN. Si l’ensemble des accusés ont été jugés coupables, c’est le sort de Marine Le Pen qui demeure une curiosité.
Une tempête judiciaire aux lourdes conséquences politiques
Pour l’ancienne candidate à la présidentielle, le parquet requiert une peine de cinq ans de prison, dont deux ans fermes, mais aménageables. C’est-à-dire avec la possibilité de port d’un bracelet électronique par exemple. À cela s’ajoute une amende de 300 000 euros et surtout une inéligibilité de cinq ans.
De quoi assombrir les ambitions politiques de la députée du Pas-de-Calais pour l’élection présidentielle de 2027. Car la peine d’inéligibilité serait immédiatement exécutoire si le tribunal suit le parquet à propos de l’exécution provision à laquelle est assortie la peine requise contre Marine Le Pen.
Pour cause, il s’agit d’un mécanisme juridique puissant permettant notamment l’application immédiate d’une peine ou d’une décision de justice, même si la personne condamnée fait appel. Autrement dit, sans cette exécution provisoire, un recours suspendrait l’application de la peine, laissant à l’ancienne députée européenne une fenêtre de tir pour 2027.
La défense contre-attaque : entre indignation et résistance
Face à ce qu’elle qualifie de « chronique annoncée », Marine Le Pen n’a pas tardé à riposter. À sa sortie d’audience, la patronne du RN a dénoncé avec véhémence une manœuvre politique visant à « priver les Français de la capacité de voter pour qui ils souhaitent ».
Dans un plaidoyer passionné, elle a fustigé ce qu’elle perçoit comme une instrumentalisation de la justice, accusant le parquet de n’avoir qu’un seul objectif : son exclusion de la vie politique et la ruine financière de son parti.
Une ligne de défense anticipée le parquet qui avait indiqué plus tôt qu’il ne s’agissait guère d’un acharnement. Tous les regards sont désormais tournés vers le début de l’année prochaine pour le jugement.