Le grand retour des épidémies évitables

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef et l’Alliance du vaccin (GAVI) alertent sur la résurgence inquiétante de nombreuses maladies jusqu’alors maîtrisées. Un phénomène directement lié à l’accès de plus en plus restreint aux vaccins.

« Les épidémies de maladies évitables grâce aux vaccins augmentent à travers le monde », indique le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans un communiqué conjointement signé avec l’Unicef et l’Alliance du vaccin (GAVI), à l’occasion de la Semaine mondiale de la vaccination (du 24 au 30 avril).

Un constat d’autant plus significatif que le thème de l’édition de cette année – « L’immunisation pour tous est humainement possible » – vise à sensibiliser sur l’importance de la vaccination. Selon Adhanom Ghebreyesus, cette pratique a permis de sauver environ 154 millions de vies, soit six vies par minute, tous les jours, au cours des 50 dernières années.

Hélas, ce progrès risque de s’éroder avec le retour de plusieurs maladies que l’on pensait en voie d’éradication grâce aux précieuses gouttes. C’est notamment le cas de la méningite, de la fièvre jaune et surtout de la rougeole, comme le souligne le communiqué.

La rougeole représente particulièrement cette tendance alarmante, avec 10,3 millions de cas estimés en 2023, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année précédente.

Un cocktail potentiellement explosif

Plus inquiétant, 138 pays ont rapporté des cas de rougeole au cours des douze derniers mois, dont 61 confrontés à des épidémies significatives. On pense notamment aux États-Unis avec 800 cas enregistrés au 19 avril 2025 à l’échelle nationale selon le CDC.

Cette résurgence représente « le nombre le plus élevé depuis 2019 », à en croire les organisations internationales. En cause, la désinformation sur les vaccins et la multiplication des crises humanitaires.

« Les coupes financières touchant la santé mondiale mettent ces avancées durement gagnées en danger », ajoute le communiqué, alors que l’OMS même est contrainte à des coupes – près d’une cinquantaine d’employés appelés à quitter l’Organisation – suite au désengagement des États-Unis sous Donald Trimp.

Le prix de l’inaction

Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef, ne cache pas son inquiétude : « La crise mondiale de financement limite gravement notre capacité à vacciner contre la rougeole plus de 15 millions d’enfants vulnérables dans des pays fragiles et touchés par des conflits ».

Elle ajoute que « les services de vaccination, de surveillance des maladies et de réponse face aux épidémies sont déjà perturbés dans près de 50 pays, avec des revers similaires à la période du Covid ».

Face à cette situation critique, l’Alliance du vaccin (GAVI) sollicite un financement d’au moins 9 milliards de dollars. Une somme jugée nécessaire pour « protéger 500 millions d’enfants et sauver au moins 8 millions de vies entre 2026 et 2030 ».

En effet, chaque jour qui passe sans action décisive représente des milliers d’enfants supplémentaires exposés à des maladies potentiellement mortelles, mais parfaitement évitables.

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