Une enquête internationale met en lumière une situation préoccupante pour l’Hexagone, désormais en première ligne avec une hausse des diagnostics. Retour sur les données et sur ce qu’elles révèlent de la situation sanitaire du pays.
D’après le programme Global Burden of Disease (1990-2023), la France enregistre environ 389 nouveaux cas de cancer pour 100 000 habitants. La base de données internationale Globocan (2022) avance pour sa part un chiffre légèrement inférieur, avec 339 cas pour 100 000 personnes. Quelle que soit la référence retenue, l’Hexagone compte parmi les pays les plus frappés par la maladie.
Avec Monaco, il serait même en tête du classement mondial, selon l’étude du GBD menée dans 204 pays et territoires. Comment comprendre un tel constat, au-delà des écarts statistiques liés aux approches méthodologiques ?
Les données montrent surtout une progression continue des diagnostics chez les femmes depuis les années 1990, tandis qu’une stabilisation, voire une légère baisse, se dessine chez les hommes. Les cancers du sein, de la prostate et du poumon demeurent les plus fréquents, mais les formes touchant le côlon et le rectum progressent rapidement, en particulier dans la population féminine.
Des habitudes à risques
« Le niveau de cancers des femmes est en train de rejoindre celui des hommes, avec une hausse considérable des cancers liés au tabac et à l’alcool », observe Béatrice Fervers, responsable du département prévention, cancers et environnement du Centre Léon-Bérard, interrogée par Le Monde.
L’alcool demeure, par ailleurs, un marqueur culturel important. La consommation en France reste supérieure à la moyenne européenne. Ces deux facteurs reconnus, impliqués dans de multiples formes de cancers, pèsent donc lourdement dans le bilan national.
À cela s’ajoute une participation insuffisante aux dépistages organisés, en particulier pour les cancers du sein et du côlon. Selon le rapport 2025 « Profils sur le cancer par pays – France » publié par l’OCDE et la Commission européenne, moins d’une femme sur deux prend part à ces campagnes de prévention.
L’expansion préoccupante des facteurs environnementaux
Le débat scientifique s’amplifie également autour du rôle des polluants et de l’environnement dans la hausse de l’incidence. Plusieurs travaux récents insistent sur l’accumulation, dans l’organisme, de métaux lourds tels que le cadmium – abondant dans les engrais et certains produits alimentaires –, ainsi que de substances chimiques connues sous le nom de “polluants éternels” (PFAS), mais aussi de phtalates et de bisphénols.
Omniprésents dans l’air, l’eau et l’alimentation, ces composés sont suspectés d’augmenter la probabilité d’apparition de certains cancers. Les niveaux d’exposition enregistrés en France dépassent, d’après de nombreux indicateurs, ceux observés dans la plupart des autres pays européens.
Cette situation relance les interrogations sur l’empreinte des choix agricoles et industriels, dont les conséquences sanitaires restent en partie invisibles. « Réduire les expositions aux perturbateurs endocriniens a des cobénéfices immédiats et démontrés, par exemple en diminuant le risque de prématurité », souligne le toxicologue André Cicolella (Réseau Environnement Santé), dans Le Monde.