En Chine, les mille et une stratégies de restriction du cinéma américain

Un ensemble de mesures est déployé par Pékin dans le but de limiter légalement, autant que faire se peut, l’accès du pays aux productions en provenance d’Hollywood. Explications !

À l’heure des tensions exacerbées entre les États-Unis de Donald Trump et la Chine à cause de l’offensive douanière américaine, Pékin a décidé de réduire l’accès d’Hollywood à son marché.

L’Administration nationale du cinéma de Chine, également connue sous le nom de China Film Administration (CFA), a ainsi annoncé le jeudi 10 avril une « réduction modérée » du nombre de films américains importés, tout en « suivant les règles du marché » et en « respectant le choix du public ».

Une promesse que l’on peine à voir se matérialiser, tant la souveraineté culturelle du pays prime sur toute autre considération dans le cadre des décisions prises par les autorités concernant le septième art.

En effet, l’écosystème cinématographique chinois – le deuxième plus grand marché au monde après les États-Unis – est largement imperméable aux productions étrangères, avec tout un arsenal de mesures restrictives efficacement déployées depuis des années.

Une forteresse réglementaire bien établie

Parmi les mesures phares en vigueur figure un quota annuel de 34 films étrangers autorisés à être distribués sur le territoire. Un chiffre revu à la hausse en 2015 au moment de l’officialisation d’un accord sino-américain convenu trois ans plus tôt entre les deux pays, à cet effet.

Selon Le Monde, cette limite est parfois contournée par des arrangements particuliers, comme ce fut le cas pour « Le Dernier Loup » de Jean-Jacques Annaud (2015), curieusement classé d’après le journal, comme film chinois.

Le tour de vis chinois n’épargne pas non plus les finances. La Motion Picture Association (MPA) représentant les grands studios hollywoodiens et Netflix, rappelle ainsi dans les colonnes du quotidien du soir, que les majors américaines ne perçoivent que 25% des recettes générées par leurs films en Chine depuis 2017.

Ce quota représente la moitié de ce qu’elles reçoivent dans les autres marchés internationaux. À cela s’ajoutent des contraintes de programmation particulièrement strictes.

L’hégémonie du cinéma chinois sur son marché

Les films étrangers ne peuvent pas être projetés pendant les périodes de vacances scolaires, les jours fériés ou lors d’événements politiques importants. La censure impose également des coupes dans les contenus jugés inappropriés, tandis que les salles de cinéma reçoivent des subventions plus généreuses afin de promouvoir des contenus locaux.

Dans ces conditions, les films hollywoodiens ne représentent que 5% des recettes totales du box-office chinois, à en croire Chris Fenton, auteur d’un ouvrage sur les relations entre Hollywood et la Chine.

« Je pense avoir entendu parler de choses pires« , a réagi Donald Trump à la dernière annonce de la CFA, convaincu sans doute qu’il s’agit davantage d’une déclaration politique que d’un bouleversement majeur pour l’industrie cinématographique dans sa globalité.

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