L’Opéra de Paris a rouvert ses portes le samedi soir au son des Contes d’Hoffmann à Bastille après une grève historique de sept semaines contre la réforme des retraites. L’intersyndicale a expliqué que cette décision vise à préserver l’intégrité économique de l’Opéra.
L’Opéra de Paris a retrouvé son public le samedi 25 janvier au son des Contes d’Hoffmann à Bastille après une grève historique contre la réforme des retraites. Mais l’intersyndicale prévient qu’elle reste mobilisée « pour le retrait du projet de loi ».
« La représentation de l’opéra Les Contes d’Hoffmann de ce samedi 25 janvier à 19h30 à l’Opéra Bastille est confirmée », avait annoncé plus tôt dans la journée l’Opéra de Paris via son compte Twitter.
Près de 15 millions d’euros de perte
L’intersyndicale a voté la reprise des représentations « Pour préserver l’intégrité économique de l’Opéra », peut-on entendre dans une vidéo partagée sur twitter par un spectateur dans la salle.
« Nous avons tâché par de nombreux moyens de faire entendre notre profond attachement à l’excellence de notre maison ainsi qu’à la transmission d’un patrimoine culturel unique », précise le représentant de l’intersyndicale dans son discours, entrecoupé de huées et d’applaudissements, sans préciser si cette reprise était définitive.
L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Paris observent une grève depuis un mois et demi contre la fin du régime spécial dont bénéficie l’établissement. Conséquence : l’annulation de plus de 70 spectacles. Les pertes en billetterie, qui atteignent désormais près de 15 millions d’euros, dépassent la contribution annuelle de l’Etat à la Caisse de retraite de l’Opéra.
La culture en danger
A quelques heures de Noël, la mobilisation des grévistes de l’Opéra de Paris avait fait le tour du monde quand une quarantaine de danseuses du corps de ballet de l’Opéra a donné un mini-spectacle improvisé devant des affiches « Opéra de Paris en grève » et « La culture est en danger », sous les applaudissements. Les musiciens de l’orchestre de l’Opéra de Paris ont suivi avec un mini concert sur les marches de l’opéra Bastille. Ils ont interprété quelques morceaux très connus du répertoire classique, comme la Damnation de Faust d’Hector Berlioz ou la Danse des chevaliers, extrait du Roméo et Juliette de Sergueï Prokofiev. Et ont terminé sur une interprétation de la Marseillaise.
Mi-janvier, l’orchestre et le chœur de l’Opéra ont offert un extrait de Carmen de Bizet et « La Marseillaise », sous des acclamations nourries ou des « vive la grève ! » lancés par des badauds.
Un régime qui date de 1698
L’Opéra et la Comédie-Française sont les seules institutions culturelles concernées par la réforme du gouvernement. Le régime spécial de l’Opéra, l’un des plus anciens de France, date de 1698, sous Louis XIV. Il permet de tirer sa révérence à 42 ans, compte tenu de la « pénibilité » du métier et des risques de blessure. Il y a aussi le fait que la majorité des danseurs peut difficilement continuer à danser les grands ballets au-delà de cet âge avec le même niveau d’excellence.
Chanteurs, musiciens et machinistes évoquent également la pénibilité de leur travail.