Le vaccin AstraZeneca est suspendu dans de nombreux pays en Europe parce que suspecté d’être à l’origine de quelques cas de thromboses alors que la pilule contraceptive responsable du même mal depuis des années est maintenue. Une situation que le public lambda ne comprend pas.
Sans le vouloir, AstraZeneca se retrouve une nouvelle fois au cœur d’un débat. La firme anglo-suédoise qui n’en finit plus de susciter craintes et polémiques a permis de lever le voile sur un sujet concernant un autre produit ces derniers jours, en l’occurrence, la pilule contraceptive. En effet, de nombreuses voix s’élèvent de plus en plus contre le maintien de certaines contraceptives que l’on sait responsables de thrombose au même titre que le vaccin dont l’administration des doses est actuellement suspendue dans plusieurs pays européens et dan. Surtout, l’Association française des victimes d’embolie pulmonaire et AVC liés à la contraception hormonale (Avep) a du mal à saisir cette différence de traitement.
L’éternelle question du rapport bénéfice-risque
S’il est vrai que cela a de quoi interroger, la situation est moins simple qu’il n’y parait, répondent les spécialistes. En effet, les méthodes contraceptives sont adaptées à chaque femme selon des spécificités bien déterminées, prenant notamment en compte ses antécédents médicaux, ses habitudes alimentaires, etc. Ce n’est pas la même chose pour le vaccin destiné à combattre dans l’urgence une pandémie et dont certains contours restent encore bien flous aux yeux de nombreux scientifiques. Car même si AstraZeneca est suspendu dans plusieurs pays, aucun lien direct n’est pour l’instant établi entre le vaccin et les cas de caillots sanguins répertoriés un peu partout à travers le monde. Il ne s’agit pour l’heure que de suspicion, d’où l’application du principe de précaution.
Et nonobstant cela, l’Agence européenne des médicaments (EMA) et l’OMS, entre autres, restent convaincues que la menace pandémique vaut de prendre le risque du vaccin, plus avantageux que nocif. À ce niveau intervient la problématique du rapport bénéfice-risque pour les deux produits en question. Les thromboses provoquées par la prise de certaines pilules contraceptives sont très rares, à en croire les spécialistes. La preuve, 2 529 cas de formation de caillot sanguin ont été répertoriés en France au total entre 2000 et 2011 pour une vingtaine de décès. D’ailleurs, le risque de thrombose est bien mentionné sur la notice des contraceptives en question. Parlant des chiffres, le vaccin AstraZeneca aurait lui, à l’heure actuelle provoqué une trentaine de cas de thromboses sur plus de cinq millions de vaccinés.