Après la chute massive de jeudi dernier sur le Tour de France Femmes, certains internautes ont publié des commentaires sexistes, voire misogynes. Ces réactions ont suscité l’ire des acteurs du cyclisme, qui ont poussé un véritable coup de gueule. Certains ont parlé de directeurs sportifs de canapé, et d’autres de jaloux.
La première édition du Tour de France Femmes a eu lieu du 24 au 31 juillet 2022. Elle a vu s’affronter, dans une course passionnante, des stars du cyclisme féminin comme Marianne Vos, Lorena Wiebes et Annemiek Van Vleuten, sacrée vainqueur samedi. Si le spectacle était au rendez-vous à toutes les étapes, certaines personnes ont préféré ne retenir que des banalités, à l’image des chutes. Il y en a eu plusieurs pendant cette compétition, mais la principale est survenue le jeudi 28 juillet lors de la 5e étape, entre Bar-le-Duc et Saint-Dié-des-Vosges.
Les hommes aussi tombent (trop) souvent
Sur les réseaux sociaux, cette chute massive d’une trentaine de coureuses a fait l’objet de méchantes moqueries, virant parfois à la misogynie. Face à ce comportement honteux, plusieurs acteurs du cyclisme ont poussé un coup de gueule et recadré sèchement les moqueurs. En premier lieu Marion Rousse, directrice du Tour de France femmes. Elle trouve la réaction de ces personnes « ridicule » et pense qu’« on n’a presque rien à leur dire ». Si l’ancienne coureuse estime qu’« on n’a pas à se justifier », elle souligne toutefois que « les chutes font partie du cyclisme » et qu’« il y en aura toujours ». Marion Rousse rappelle à juste titre les emmêlées chez les hommes, notamment lors de l’édition du Tour de France masculin de cette année. Pendant celle-ci même le champion en titre, Jonas Vingegaard a fini au sol au cours d’un enchevêtrement.
Se concentrer sur les 95% de gens conquis
Plus qu’agacée, la directrice du Tout souhaite qu’on cesse de voir les hommes qui tombent comme des héros courageux et les femmes comme des incapables. L’ex championne de France appelle d’ailleurs à se concentrer « sur les 95% de gens conquis plutôt que sur les 5% » de haters. Pour sa part, Stephen Delcourt croit que « c’est du sexisme, tout simplement ». En fin connaisseur du cyclisme, le manager général de la FDJ-Suez-Futuroscope indique qu’il y a toujours eu une chute quand « ça accroche au milieu ». Il précise également qu’il n’y a pas de problèmes de niveau technique chez les femmes. Elles sont aussi doués au guidon que les hommes. Par ailleurs, il est convaincu que ceux qui parlent « sont jaloux parce que les coureuses sont fraîches, pleines d’envie ».
Une nervosité omniprésente, possible explication
Charlotte Bravard, directrice sportive de l’équipe Saint-Michel Auber 93, va plus loin en parlant de « directeurs sportifs du canapé » au sujet des moqueurs. Elle aimerait bien les voir au pied du mur. « On les connaît, c’est facile de parler derrière son écran. Mais on les attend toujours sur un vélo », tance-t-elle. Répondant à certains qui pointent le manque d’expérience, Séverine Eraud, de la formation du Stade Rochelais, explique que les chutes sont plutôt dues à la nervosité omniprésente au sein du peloton. Et à l’envie de marquer les esprits après 33 ans d’absence du Tour. Quoiqu’il en soit, notons que les coureuses ne sont pas les seules à subir le sexisme. Les footballeuses aussi l’ont vécu à l’Euro féminin de football 2022 en Angleterre.