Infections nosocomiales : un antibiotique first-in-class puissance 10

Vers la fin des infections nosocomiales ? Nosopharm, une entreprise de biotechnologie française, aurait mis au point un antibiotique first-in-class qui détruit les bactéries à l’origine de ces infections, même les plus résistantes. La société est actuellement dans une phase d’essais cliniques chez l’Homme.

En France, entre 6 et 7% des patients qui séjournent à l’hôpital contractent une infection nosocomiale. Ce qui représente environ 750 000 cas chaque année sur 15 millions de patients en France. A ce jour, la meilleure protection contre les infections nosocomiales reste la prévention. Mais les médecins utilisent aussi les produits chimiques et des revêtements antimicrobiens lors des interventions chirurgicales pour éviter tout risque.

Montée de l’antibiorésistance

Une fois le sujet contaminé, seule l’utilisation d’antibiotique prévaut. Mais le fort recours à ce produit a causé le développement de l’antibiorésistance chez plusieurs bactéries. Notamment chez les agents pathogènes à gram négatif, comme Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et staphylococcus aureus. Ces superbactéries sont en grande partie responsables de la hausse de la résistance aux antibiotiques, qui a causé 1,27 million de décès dans le monde en 2019.

Aucune nouvelle classe d’antibiotique depuis quarante ans

L’antibiorésistance tue ainsi plus que le VIH-SIDA et le paludisme. Face à la montée en puissance de ce fléau, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé prioritaire la conception d’un traitement avec un nouveau mode d’action. Malheureusement, depuis quarante ans, aucune nouvelle classe antibiotique n’a été introduite sur le marché pour en venir à bout. Une lueur d’espoir a cependant surgi l’année dernière.

Un vaccin produit par Nosopharm

Nosopharm, une entreprise de biotechnologie nîmoise, a annoncé la mise au point d’un vaccin 100% efficace contre la résistance aux antibiotiques chez les agents pathogènes à gram négatif. Il s’agit de Noso-502, un antibiotique first-in-class (c’est-à-dire recourant à de nouveaux mécanismes d’action contre la maladie) issu de la nouvelle classe des odilorhabdines. Le candidat-médicament a fait l’objet d’une étude BPL (Bonnes Pratiques de Laboratoire).

Des résultats positifs d’études BPL

Selon les résultats positifs publiés en juin 2022, Noso-502 montre une grande efficacité contre les entérobactéries multirésistantes, y compris les souches les plus résistantes. Cette puissante action antimicrobienne repose sur un nouveau mode d’action. Celui-ci permet d’inhiber complètement le ribosome bactérien, empêchant ainsi le corps parasite de se répliquer et de résister aux antibiotiques. Noso-502 a été produit à partir Photorhabdus et Xenorhabdus, deux bactéries sous explorées mais à fort potentiel pharmaceutique.

Place aux essais cliniques chez l’Homme

Philippe Villain-Guillot, co-fondateur de Nosopharm, a indiqué en fin d’année dernière que son groupe poursuivait le développement du vaccin jusqu’à la phase des essais cliniques chez l’Homme. Des tests auraient lieu dans des hôpitaux depuis quelques mois. Pour réussir le dernier virage avant la commercialisation du vaccin, Nosopharm a composé un nouveau conseil de surveillance. La nouvelle équipe doit lever des fonds et signer des partenariats stratégiques. Jusqu’à présent, Nosopharm était principalement financée par le programme européen de recherche GNA-NOW, piloté par Evotec.

Toutes les conditions pour réussir la dernière phase

Bonne nouvelle pour la startup, elle a été sélectionnée en mars dernier pour intégrer la French Tech Health2, un programme d’accompagnement des entreprises innovantes dans le domaine de la santé. L’entreprise pharma bénéficiera d’une plus grande visibilité, d’actions de diplomatie, de participation à des évènements tech et d’un accès privilégié à des financements publics et privés. Elle pourrait également compter sur le plan gouvernemental de soutien aux médicaments pour la souveraineté sanitaire. L’antibiotique figure parmi les premiers remèdes concernés par ce programme. L’on serait donc proche de la fin des infections nosocomiales.

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