TikTok victime de la bataille entre les Etats Unis et la Chine

TikTok pousser vers la sortie aux Etats Unis.

Le Sénat américain a voté mardi un projet de loi exigeant la vente de TikTok, la très populaire application du groupe chinois ByteDance. Le président Biden a ratifié le texte dès le lendemain. Ainsi, l’application doit désormais céder ses actifs à une entreprise américaine, au risque de se voir bannie des Etats Unis.

L’administration Biden a enfin atteint son objectif. Mardi, le Sénat américain a adopté, à la majorité de 79 voix pour et 18 contre, le projet de loi exigeant la vente de TikTok, la très populaire application du groupe chinois ByteDance. La chambre des représentants avait déjà approuvé le texte, trois jours plus tôt, par 360 voix contre 58.

Une loi anti-TikTok faisant partie d’un packaging de politique étrangère

Ce projet de loi anti-TikTok faisait partie d’un grand plan d’aide militaire des Etats Unis à trois de leurs alliés (Israël, Ukraine et Taïwan) d’un montant total de 95 milliards de dollars. L’insertion du texte dans le packaging était une idée de Washington pour le faire passer plus facilement, car les opposants menaçaient de le bloquer en invoquant la liberté d’expression inscrite dans le premier amendement de la Constitution.

Joe Biden n’a pas tardé à apposer sa signature

Joe Biden a rapidement ratifié le texte, dès le lendemain, lui qui avait auparavant annoncé qu’il apposerait son paraphe au bas du texte si le Congrès l’adoptait. Le président américain s’est toujours montré favorable à l’interdiction de TikTok sur son territoire pour des raisons de sécurité. Les Etats Unis accusent depuis plusieurs années le réseau social chinois de compromettre leur sécurité intérieure en permettant à Pékin d’accéder aux données des utilisateurs américains.

TikTok rendrait « accro » la jeunesse américaine

Ces soupçons d’espionnage avait conduit Biden, il y a plus d’un an, à bannir TikTok des appareils gouvernementaux. La plateforme chinoise a également essuyé les critiques d’une partie de la classe politique et de l’opinion nationale parce qu’elle rendrait « accro » la jeunesse par des vidéos instantanées qui pousse au scrolling. Cette accusation a valu au directeur général de TikTok, Shou Zi Chew, deux auditions au Congrès américain.

ByteDance a environ un an pour s’exécuter

Aussi, les opposants à TikTok craignent qu’une plateforme populaire ne puisse secrètement manipuler les Américains (170 millions l’utilisent) pour servir les intérêts de Pékin. Ils prennent la menace d’autant au sérieux que le gouvernement chinois serait connu pour ses pratiques autoritaires et anti-démocratiques comme la censure, la répression transnationale et la désinformation. Avec la ratification de la loi par Joe Biden, ByteDance a maintenant environ un an pour céder ses actifs aux Etats Unis à une entreprise américaine « ne menaçant pas la sécurité nationale ».

Les Etats Unis veulent couper les ponts de TikTok avec la Chine

Si elle ne s’exécute pas dans les délais, la plateforme chinoise sera bannie aux Etats Unis. Autrement dit retirer des magasins d’applications Apple et Google (App Store et Play Store). L’objectif des autorités américaines est de couper les ponts entre la branche américaine et la société-mère installée à Pékin. Réagissant à l’adoption de cette loi, le patron de TikTok Shou Chew a dénoncé une « erreur » et « une atteinte à la liberté d’expression » des Américains. Il appelle ces derniers à ne pas se laisser voler leurs droits.

ByteDance compte saisir la justice

ByteDance a déjà prévenu qu’il s’opposerait à une vente forcée. Le groupe annonce même saisir la justice et se dit confiant quant à l’issue des procédures. Celles-ci pourraient s’étaler sur plusieurs années et donc retarder l’interdiction effective de la plateforme. TikTok pourrait être aidé dans son offensive judiciaire par des créateurs de contenus, dont les revenus dépendent de la plateforme. ByteDance se dit d’autant étonné du possible bannissement qu’il a mis en place plusieurs garde-fous, ces dernières années, pour plus de transparence. Même sous l’administration Trump qui voulait également sa peau, il a déployé de nombreux efforts. Mais Washington trouve que le groupe n’en fait pas assez.

TikTok, une victime de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats Unis

Pour ByteDance, c’est assez évident. Cette histoire n’est qu’un volet de la guerre commerciale que se mène la Chine et les Etats Unis depuis quelques années. L’entreprise se présente ainsi, à juste titre, comme une victime de cette bataille qui pourrait emporter d’autres groupes chinois. En effet, le texte voté mardi donne également au président américain le pouvoir de désigner d’autres applications comme une menace pour la sécurité nationale si elles proviennent de pays considérés comme hostiles aux États-Unis.

D’autres sociétés chinoises dans le viseur de Washington

Capcut (propriété de ByteDance) et AliExpress, notamment, devraient donc prochainement être la cible de la Maison blanche. Les Etats Unis veulent apparemment casser le monopole technologique chinois à leur avantage. Tous les moyens sont bons pour affaiblir le rival. Mais ce n’est pas sûr que les Américains apprécient une mesure similaire en Chine contre leurs entreprises tech (Meta, Google, X, etc.). Ces dernières ne sont pas, non plus, très transparentes. Et pourtant Washington accuse constamment Pékin de pratiques anti-concurrentielles.

TikTok déjà interdit dans d’autres pays

Antony Blinken est actuellement à Shanghai pour discuter de ces pratiques commerciales et de bien d’autres sujets. Comme le soutien de Pékin à Moscou dans la guerre en Ukraine et la question de Taiwan, ile considérée par la Chine comme une de ses provinces et qu’elle souhaite intégrer de gré ou de force. Pour revenir au cas de TikTok, notons que les Etats Unis ne sont pas le seul pays à bannir l’application. L’Inde, le Pakistan  et l’Afghanistan l’ont déjà fait. L’Europe, elle, a obtenu cette semaine la suppression de son système de récompenses, accusé de susciter de l’addiction. Une première étape vers le bannissement ? On rappelle que des élus européens soupçonnent l’appli de les espionner.

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