Selon le Wall Street Journal, le géant des puces Qualcomm a approché Intel, l’autre mastodonte du secteur en grandes difficultés, pour un potentiel rachat. Si ce projet se concrétisait, ce serait la plus grande acquisition technologique de l’histoire, dépassant celle d’Activision Blizzard par Microsoft. Mais les analystes doutent de la faisabilité d’une telle opération, en raison notamment des obstacles réglementaires.
Le Wall Street Journal a évoqué, le vendredi 20 septembre, une potentielle giga-opération entre deux géants américains des semi-conducteurs : Qualcomm et Intel. Le premier groupe aurait approché le second début septembre en vue d’un éventuel rachat. Il y aurait déjà eu des contacts, après que le conseil d’administration d’Intel s’est réuni pour examiner une proposition de son DG Pat Gelsinger, concernant la réduction des activités.
Intel accumule les pertes
Autrefois leader incontesté de l’industrie des semi-conducteurs, Intel traverse depuis plusieurs mois l’une des pires périodes de son histoire longue de cinq décennies. Ses pertes s’accumulent, en particulier dans l’unité de fabrication sous contrat qu’il construit dans l’espoir de concurrencer valablement TSMC. Son chiffre d’affaires a baissé sur un an, au deuxième trimestre 2024. Conséquence de ses mauvais résultats : le cours de l’entreprise a chuté en Bourse de 60% depuis le début de l’année.
Le fabricant de puces dépassé dans l’IA
Aujourd’hui, Intel n’est plus valorisé qu’à 93 milliards de dollars, contre 290 milliards en 2020. Le fabricant de puces électroniques dit avoir subi des vents contraires, dont des retards sur la nouvelle génération d’ordinateurs adaptés à l’IA, un segment où les rivaux mettent le paquet pour prendre de l’avance. Parmi ces derniers figurent Qualcomm, qui étudie la possibilité d’acheter certaines parties de l’activité de conception d’Intel, afin de renforcer son portefeuille de produits.
Potentiellement la plus grande opération de fusion-acquisition tech de tous les temps
Qualcomm est actuellement valorisé à 118 milliards de dollars. En cas de fusion-acquisition entre ces deux champions nationaux aux États-Unis, ce serait la plus grande opération de tous les temps dans la tech. Elle surpasserait le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars. Si le projet aboutissait, Qualcomm pourrait se diversifier au-delà de son bastion des puces pour smartphones, d’autant plus que 80 % environ de ses revenus proviennent de ce segment.
Un accord loin d’être acquis pour Qualcomm
Le fondeur américain ferait précisément une entrée très bénéfique sur le marché des PC et des serveurs. Aussi, il pourrait enfin exploiter une usine de fabrication de puces propre. A ce jour, le groupe fait appel à des sous-traitants comme TSMC. Mais un accord est loin d’être acquis, malgré la disposition apparente d’Intel. En effet, il faudra franchir des obstacles réglementaires. Les autorités antitrust pourraient intervenir pour des questions de monopolistiques. Toutefois, pour contourner ces barrières, Qualcomm pourrait vendre des actifs ou des activités d’Intel à d’autres acheteurs.
Qualcomm doit bien calculer son coup
Même là encore, ce ne sera pas acquis car les défis sont plus importants que les avantages potentiels. Il faut relever que l’exploitation des installations de fabrication d’Intel reste compliquée, Qualcomm n’étant pas bien équipé pour les gérer. Malgré sa valorisation supérieure, le groupe reste un « petit » devant Intel. Ce n’est jamais facile pour un petit poisson d’avaler un gros. Il doit bien évaluer sa proie avant de s’y attaquer, au risque de l’avoir en travers des branchies. Et puis, Intel n’est pas aussi désespéré pour s’offrir au concurrent. Le groupe préférerait d’ailleurs des investissements extérieurs plutôt qu’une vente.