Une récente affaire impliquant une tentative de campagne publicitaire clandestine en faveur d’Ousmane Dembélé soulève des questions sur l’intégrité de cette récompense considérée comme la plus prestigieuse du football mondial au plan individuel.
Le Ballon d’or est-il crédible ? Cette question, sans doute aussi ancienne que la création de cette récompense par France Football, prend une nouvelle dimension depuis l’éclatement d’une affaire impliquant l’un des favoris de cette année, Ousmane Dembélé, un journaliste australien nommé Neal Gardner et une obscure société baptisée Bangrr International.
Tout commence le 13 septembre lorsque le journaliste, suivi par 169 000 personnes sur X, révèle avoir été « récemment approché par une agence de relations publiques pour mener une campagne rémunérée en faveur de Dembélé dans le cadre de la course au Ballon d’or ».
« Étant donné votre crédibilité et votre portée au sein de la communauté footballistique, votre implication ajouterait un poids significatif à cette conversation », précisait l’email intitulé « Opportunité de collaboration confidentielle ».
La proposition était détaillée : trois tweets soigneusement rédigés par semaine pendant un mois, mettant en valeur les performances de l’attaquant du PSG et renforçant son dossier de candidature, avec une demande de tarification pour ce service.
« C’est absolument ridicule »
Plutôt que de négocier un tarif, Gardner choisit d’éventer l’affaire en la révélant publiquement sur les réseaux sociaux. « Je ne sais pas qui finance cela, mais je pense que c’est absolument ridicule », écrit-il, ajoutant vouloir alerter le public.
Plus de 4 000 partages et 22 000 « j’aime » plus tard, le message du journaliste fait la lumière sur cette affaire pour le moins intrigante. L’enquête menée par The Athletic établit rapidement que l’entourage de Dembélé n’était absolument pas au courant de cette initiative.
Selon l’agence Bangrr International, fondée par un certain Ali Husain, l’initiative émanerait d’une stagiaire de 18 ans agissant sans autorisation et par simple « curiosité éducative » pour comprendre les tarifs pratiqués dans le marketing d’influence sportif.
Un prestige décidément très recherché
« Nous nous excusons sincèrement auprès de M. Gardner pour tout malentendu ou inconvénient que cette initiative personnelle a causé. Nous présentons également nos excuses à Ousmane Dembélé et à ses représentants pour toute implication non intentionnelle dans cette affaire. Ce n’était jamais notre intention », a déclaré Husain à The Athletic.
Cette affaire, aussi loufoque soit-elle, soulève des interrogations légitimes sur les pratiques occultes qui gravitent autour des récompenses individuelles dans le football moderne.
« Le Ballon d’or a toujours été important. Il ne faut pas dire qu’aujourd’hui les joueurs ne pensent qu’à ça et que c’est peut-être accentué », indiquait le journaliste français Romain Molina en 2020.
Il explique l’obsession autour du Ballon d’or par le fait que c’est « la reconnaissance du sport collectif le plus individualisé », et que les clubs eux-mêmes investissent massivement dans le lobbying pour leurs stars.