Les révélations posthumes de Virginia Giuffre

Le livre « Nobody’s Girl » fraîchement paru de cette accusatrice de Jeffrey Epstein et de son entourage expose au grand jour les pratiques problématiques de l’ancien financier condamné pour trafic sexuel et du prince Andrew entre autres.

Un fantôme hante la royauté britannique. Virginia Roberts Giuffre, décédée par suicide en avril 2025, vient de sortir son mémoire à titre posthume. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il regorge de révélations terribles.

Dans son ouvrage « Nobody’s Girl: A Memoir of Surviving Abuse and Fighting for Justice« , paru le 21 octobre, l’ancienne plaignante du cercle dirigé par le financier américain décédé en prison détaille la responsabilité écrasante d’Epstein, de sa complice Ghislaine Maxwell — aujourd’hui sous les verrous —, mais jette surtout une lumière crue sur les agissements du prince Andrew.

Ce dernier, deuxième fils d’Élisabeth II, est explicitement mis en cause pour des rapports répétés – à trois reprises – avec la jeune femme alors qu’elle n’avait pas encore atteint sa majorité. Elle évoque, entre autres souvenirs, le matin où Maxwell l’a réveillée en lui glissant : « Ce sera une journée spéciale, comme Cendrillon : tu vas rencontrer un beau prince ! ».

Un engrenage de domination

Selon le récit de Giuffre, le Prince Andrew aurait correctement deviné qu’elle avait 17 ans lors de leur première rencontre, lui disant : « Mes filles sont juste un peu plus jeunes que toi. »

Elle allègue que Maxwell lui a ordonné de « faire pour lui ce que tu fais pour Jeffrey« , ajoutant : « Je savais qu’il valait mieux ne pas remettre en question ses ordres. » Le livre décrit également deux autres occasions où elle aurait eu des relations sexuelles avec Andrew : une fois à New York environ un mois plus tard, et une troisième fois sur l’île privée d’Epstein dans les Caraïbes.

L’un de ces incidents aurait impliqué Epstein et « environ huit autres jeunes femmes qui ne semblaient pas avoir plus de 18 ans ». L’auteure raconte avoir été forcée de maintenir une apparence juvénile à la demande d’un réseau de personnalités influentes auquel elle était « prêtée », « utilisé, humiliée, parfois battue et frappée jusqu’au sang ».

Survivre à l’impensable

« Je craignais de finir esclave sexuelle », confie celle dont l’existence fut marquée par la résilience et la lutte pour la justice face à des réseaux puissants et protégés. À travers son récit, elle partage la détresse d’une jeunesse brisée, les tourments de l’impuissance devant des agresseurs inaccessibles.

Virginia Giuffre évoque également le règlement amiable conclu avec le prince Andrew en 2022, à la suite d’une action civile. Selon son livre consulté en avant-première par la BBC, cette « clause de confidentialité d’un an » paraissait essentielle pour le prince, car elle garantissait que le jubilé de platine de sa mère ne serait pas davantage éclaboussé.

« Après avoir jeté le doute sur ma crédibilité pendant si longtemps, l’équipe du Prince Andrew était même allée jusqu’à essayer d’engager des ‘trolls’ sur internet pour me harceler. Le Duc d’York me devait aussi des excuses significatives. Nous n’obtiendrions jamais d’aveu, bien sûr. C’est ce que les règlements sont conçus pour éviter« , écrit-elle.

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