Le diamantaire sud-africain profite pour l’heure de la pénurie de pierres précieuses due à la guerre russo-ukrainienne. Mais cela pourrait bien ne pas durer.
Depuis le début de l’offensive de la Russie en Ukraine il y a bientôt quatre mois, le marché mondial du diamant patine. Les sanctions imposées par la communauté internationale au Russe Alrosa, un des leaders du secteur grâce à ses 30% de production annuelle, laissent une place à combler. Une aubaine pour les autres acteurs, notamment De Beers.
Le diamantaire sud-africain dont le PDG Bruce Cleaver avait parié en février sur une stable demande en diamants naturels – sa spécialité –au cours de la prochaine décennie, est ainsi depuis plusieurs mois dans une logique d’ajustement continu des prix. La dernière manœuvre est intervenue ce mois lors de sa cinquième session de vente de l’année.
Attractivité du synthétique
Reuters indique à cet effet qu’une nouvelle augmentation des prix de l’ordre de 5 à 7% a été notée au cours de cet événement traditionnellement destiné à une poignée d’acheteurs sélectionnés à l’avance. Objectif pour la filiale d’Anglo American : combler autant que faire se peut le vide laissé par Alrosa en maximisant ses revenus. Notamment aux États-Unis connu comme le plus grand marché de pierres précieuses naturelles au monde.
C’est une stratégie viable au regard du contexte. Elle comporte néanmoins quelques risques avérés, surtout si la guerre en Ukraine cause des sanctions contre Alrosa perdure. Et pour cause, cette situation pourrait convaincre le marché à se détourner des diamants naturels au profit du synthétique, ainsi que le redoutent les autorités du Botswana, grand producteur africain et pays abritant les cycles de vente de De Beers. « Nous constatons que l’augmentation des prix pousse les consommateurs vers des substituts tels que les synthétiques. C’est source de problèmes si nous cédons le marché aux pierres non naturelles », a notamment averti Jacob Thamage, patron de Diamond Hub Botswana, pôle de transformation de diamants à Gaborone dans des propos cités par Reuters.
Soucis de traçabilité
Une telle inquiétude même en ces temps de relative prospérité ne devrait pas manquer d’interpeller De Beers principal exploitant des mines botswanaises.
Une ruée du secteur vers le synthétique n’est toutefois pas la seule menace potentielle pour De Beers. La guerre entre la Russie et l’Ukraine pourrait et les sanctions qui en découlent, pourraient aussi jeter une ombre sur la provenance des diamants naturels. D’où le besoin de traçabilité auquel entend répondre De Beers grâce au récent déploiement de son outil, Tacr.