Plus de cinq ans après les faits, le procès des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher s’ouvre ce mercredi 2 septembre pour prendre fin le 10 novembre prochain. D’une ampleur inédite, il devrait réunir 200 parties civiles, 144 témoins et 14 experts.
La Cour d’assises spéciale du Tribunal de Paris ouvre, ce 2 septembre, le procès des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Casher commis entre le 7 et le 9 janvier 2015 à Paris. Onze personnes comparaitront devant les juges jusqu’au 10 novembre prochain. Elles sont accusées d’avoir, à des degrés divers, fourni une aide logistique aux frères Chérif et Saïd Kouachi ainsi qu’à Amedy Coulibaly. Trois autres suspects brilleront par leur absence à cette audience : la compagne d’Amedy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, et les frères Belhoucine, introuvables depuis leur départ en Syrie. Initialement prévu du 4 mai au 10 juillet et reporté à cause du Covid-19, ce procès devrait aussi réunir 200 parties civiles, 144 témoins et 14 experts.
Les trois auteurs des attentats tués sur le champ
Pour rappel, en janvier 2015, les frères Chérif et Saïd Kouachi avaient mené une attaque contre la rédaction de Charlie Hebdo, faisant 12 morts. Amedy Coulibaly avait ensuite tué une policière et quatre clients d’un supermarché Casher. Les trois hommes ont trouvé la mort lors des opérations des forces de l’ordre, les armes à la main. Ils s’insurgeaient contre une caricature de Charlie Hebdo initialement publiée par le quotidien danois Jyllands-Posten le 30 septembre 2005. Les douze dessins montraient le prophète portant une bombe au lieu d’un turban, ou en personnage armé d’un couteau flanqué de deux femmes voilées de noir. Outre ces caricatures danoises, la une du Charlie Hebdo reprenait, sous le titre « Tout ça pour ça », une caricature du prophète signée par son dessinateur Cabu, assassiné dans l’attentat du 7 janvier 2015.
Ces caricatures avaient provoqué, quelques mois après leur publication initiale au Danemark, des manifestations violentes dans plusieurs pays musulmans, et leur reprise par l’hebdomadaire français lui a valu à l’époque de nombreuses critiques. La représentation des prophètes étant strictement interdite par l’islam sunnite. Aussi, ridiculiser ou insulter le prophète Mahomet vaut la peine de mort dans les pays pratiquant l’islam rigoriste.
« Reproduire ces caricatures nous a semblé indispensable »
Charlie Hebdo a quand même publié à nouveau, à l’occasion du procès de l’attentat, les caricatures qui lui avaient valu l’ire des djihadistes. « Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais », a déclaré Riss, le directeur du journal satirique, alors que débute le procès de l’attentat ce mercredi 2 septembre. « On nous a souvent demandé depuis janvier 2015 de produire d’autres caricatures de Mahomet. Nous nous y sommes toujours refusés, non pas que cela soit interdit, la loi nous y autorise, mais parce qu’il fallait une bonne raison de le faire, une raison qui ait un sens et qui apporte quelque chose au débat », a expliqué l’hebdomadaire. « Reproduire cette semaine de l’ouverture du procès des attentats de janvier 2015 ces caricatures nous a alors semblé indispensable », ajoute l’équipe de Charlie Hebdo.