Plusieurs peintures du chimpanzé Congo, surnommé le Picasso des singes, seront exposées à la Mayor Gallery de Londres à la fin de l’année. Desmond Morris, le zoologiste et peintre surréaliste anglais qui a consacré sa vie à démontrer qu’un singe peut apprendre à peindre, a décidé de s’en séparer.
Cinquante-cinq nouvelles œuvres du Chimpanzé Congo seront exposées et mises en vente par la Mayor Gallery de Londres, en décembre prochain, pour une valeur de 1 500 à 6 000 livres sterling. Desmond Morris, le zoologiste qui a appris au singe à peindre, a expliqué pourquoi il s’en séparait. «Ma femme est décédée et j’ai déménagé en Irlande pour rejoindre ma famille. J’ai donc dû réduire ma collection», a-t-il déclaré au Sunday Times. « Ceci est le dernier lot. Je viens de garder un Congo pour moi, poursuit-il. Je garde les notes sur les recherches scientifiques que j’ai menées pendant les années passées à travailler avec Congo et deux autres singes, mais à 91 ans, je voudrais maintenant que ces peintures et dessins soient mis à la disposition d’autres collectionneurs. J’espère qu’ils leur apporteront autant de plaisir qu’à moi.».
« Si j’essayais de l’arrêter avant qu’il ait fini une toile, il se mettait à hurler »
Ce n’est pas la première fois que des œuvres du chimpanzé Congo seront mises aux enchères. En 2005, plusieurs tableaux avaient été vendus à des collectionneurs. Trois de ces œuvres se sont même vendues pour 14.400 livres sterling, volant la vedette à des lots de Warhol et Renoir qui ont dû être retirés de la vente. Dans le passé, les plus grands peintres ont acquis quelques tableaux de Congo. Ce sont Pablo Picasso, Joan Miro et Salvador Dalí.
Le chimpanzé Congo a peint plus de 400 œuvres entre 1956 à 1959. Desmond Morris a organisé, dans cet intervalle de temps, plusieurs sessions de peinture avec le singe, qui se montrait de plus en plus coopératif. «Congo devenait de plus en plus obnubilé par ses séances régulières de peinture. Si j’essayais de l’arrêter avant qu’il ait fini une toile, il se mettait à hurler. Si j’essayais de le pousser à continuer à peindre alors qu’il considérait avoir terminé, il refusait sans concession», raconte le scientifique. Selon lui, ce chimpanzé était le plus illuminé des primates avec lesquels il a coopérés dans le cadre de ces travaux visant à démontrer que l’on pouvait apprendre à un singe à peindre. «Les autres n’étaient pas capables de contrôler aussi bien le crayon ou de créer des motifs comme il le faisait», assure le scientifique.
Un pinceau cassé trop tôt
Après des motifs très simples, dont celui en éventail classique (un geste que les singes font lorsqu’ils étalent des feuilles pour faire leur nid), le singe Congo a commencé à affiner ses lignes. Il essayait de nouvelles idées, de nouveaux motifs. Et bientôt il éprouvait le désir d’organiser des modèles visuels. Le singe peintre était né. Malheureusement, il mourra en 1964, à seulement dix ans, des suites d’une tuberculose.