Affaire Epstein : le ministre américain de la Justice exige que toute la lumière soit faite

Le procureur général exposant sur l'affaireEpstein Jeffrey avec un portrait du financier sur une infographie

 

Bill Barr, le ministre américain de la Justice, est très en colère. Il a dénoncé lundi de « graves irrégularités » à la prison fédérale où a été retrouvé mort samedi le financier Jeffrey Epstein. A présent il exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire, afin que les éventuels complices soient appréhendés.

Le ministre américain de la Justice, qui avait annoncé samedi l’ouverture de deux enquêtes après la mort d’Epstein, apparemment par suicide, se dit « consterné » et très en « colère » devant les manquements « pour sécuriser de manière adéquate » la prison de Manhattan où était détenu Jeffrey Epstein depuis début juillet.

« Nous irons au fond des choses (…) il y aura des comptes à rendre »

Le corps du financier de 66 ans, a été découvert vers 06H30 samedi au Metropolitan Correctional Center, prison réputée particulièrement sûre, où il attendait son procès qui devait commencer au plus tôt en juin 2020. Le 23 juillet, Epstein avait déjà été retrouvé légèrement blessé, après ce qui semblait être une première tentative de suicide. Il ne bénéficiait par ailleurs plus de surveillance renforcée anti-suicide depuis le 29 juillet. Plusieurs médias avaient indiqué dimanche que l’ex figure de la jet set avait été laissé seul dans sa cellule par les gardes pénitentiaires. Pourtant ils étaient censés être toujours deux et faire des rondes toutes les 30 minutes.

Furieux, Bill Barr a dénoncé lundi de « graves irrégularités » à la prison fédérale et annoncé : « Nous irons au fond des choses (…) il y aura des comptes à rendre ». Il a promis de rechercher les éventuels complices de ses agressions sexuelles sur mineures, dans le cadre d’une enquête.

Les théories du complot fleurissent

Le laxisme dont ont fait preuve les surveillants de la prison de Manhattan a laissé fleurir sur les réseaux sociaux plusieurs théories du complot, alimentées par Donald Trump, lui-même membre éminent de la jet set. Samedi, il a allégué sans preuve que l’ex-président démocrate Bill Clinton, autre ami d’Epstein, pourrait être lié à sa mort. D’autres hommes de pouvoir sont également soupçonnés d’avoir donné l’ordre d’assassiner Jeffrey Epstein pour le faire taire à jamais. Il s’agit notamment du prince britannique Andrew Albert Edward, à de l’ex-émissaire spécial pour l’Irlande du Nord George Mitchell, ou du patron de Victoria’s Secret Leslie Wexner.

Le médecin légiste de Manhattan a indiqué dimanche, après avoir effectué l’autopsie, réserver ses conclusions dans l’attente de « plus d’informations ».

Les recruteuses d’Epstein dans le viseur de la justice

Epstein avait été arrêté le 6 juillet et inculpé à New York pour avoir organisé, de 2002 à 2005 au moins, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles. C’était pour la plus part des collégiennes, avec lesquelles il avait des rapports sexuels dans ses nombreuses propriétés, notamment à Manhattan et en Floride. Selon plusieurs témoignages, employées et recruteuses géraient au millimètre son agenda. Elles assuraient les rendez-vous, le transport (qui se faisait parfois en jet privé), donnaient des instructions et rétributions, qui s’élevaient souvent 200 à 300 dollars par visite, voire cadeaux.

Parmi les « collaboratrices » de l’ex professeur de mathématiques devenu homme d’affaires, figure la fille du défunt magnat britannique des médias Robert Maxwell. Ghislaine Maxwell, 57 ans, est accusée par certaines victimes présumées d’avoir activement recruté de jeunes adolescentes pour satisfaire l’appétit de son boss et d’avoir même participé aux abus dans sa fameuse salle de massage.

La France concernée par l’enquête

L’enquête pourrait s’étendre à la France, où Epstein voyageait régulièrement et avait au moins une propriété. C’est en rentrant d’ailleurs de la France en jet privé qu’il fut interpellé début juillet. Le Français Jean-Luc B., patron d’une agence de mannequins, aurait été cité par une victime qui affirme que Ghislaine Maxwell l’avait forcée à avoir des relations sexuelles avec lui. Mais Jean-Luc B. a tout démenti. Les secrétaires d’Etat Marlène Schiappa (égalité femmes/hommes) et Adrien Taquet (protection de l’enfance) ont demandé lundi l’ouverture d’une enquête dans l’Hexagone. L’association française « Innocence en danger » a aussi indiqué avoir adressé dès le 23 juillet un signalement au procureur de la République de Paris.

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