Paris : un concert pour la paix attise les tensions entre Kinshasa et Kigali

L’événement organisé en soutien aux victimes des conflits meurtriers qui sévissent dans l’Est de la République démocratique du Congo est critiqué pour sa programmation le jour même de la commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda.

Entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, tous les coups semblent permis depuis que le groupe rebelle baptisé M23 et soutenu d’après plusieurs rapports internationaux, par l’armée rwandaise, s’est emparé de Goma et Kivu, deux des plus grandes villes de l’Est congolais.

Serait-ce la raison du 7 avril prochain pour la programmation « Solidarité Congo » ? C’est en tout cas le sentiment de nombreux Rwandais, au premier rang desquels le pouvoir du président Paul Kagame.

Celui-ci a en effet fait part de son « indignation » auprès du Qai d’Orsay et de la mairie de Paris, ville où doit se dérouler l’événement prévu en soutien aux victimes du conflit en cours à l’Est de la RDC.

« Ce choix du 7 avril est consternant », a ainsi cinglé François Nkulikiyimfura, ambassadeur du Rwanda en France interrogé par Le Monde. À l’origine de cette charge, la symbolique forte de cette date pour le Rwanda.

Une date unanimement reconnue

Le 7 avril marque en effet le début des massacres qui ont fait près d’un million de morts dans ce pays en 1994. Une période d’une centaine de jours au cours de laquelle les Tutsi et les Hutu dits modérés ont pris pour cible. D’où la reconnaissance de cette journée par l’ONU comme celle « de réflexion sur le génocide des Tutsi ».

Il s’agit d’une journée de commémoration internationale qui transcende le seul Rwanda et fondée sur la résolution « plus jamais ça ! ».

« Organiser un gala pour les populations de l’est de la RDC est une initiative que je soutiens », affirme au Monde, Marcel Kabanda, président d’Ibuka France, principale association de victimes du génocide des Tutsi.

« Mais pourquoi la programmer un 7 avril, qui est pour nous un jour de deuil et qui tombe en plus un lundi ? Est-ce une simple coïncidence ou une provocation destinée à nous faire du mal ?« , s’interroge-t-il encore.

Gims dans le collimateur

Pour les organisateurs, difficile de répondre à cette question, tant l’embarras est palpable. Un membre de l’équipe évoque toujours dans les colonnes du Monde, « un mauvais hasard du calendrier ».

« Parmi les artistes devant monter sur scène, il y a plusieurs musulmans. Nous souhaitions donc simplement attendre la fin du ramadan avant d’organiser la soirée« , explique-t-il, alors que l’Accor Arena décharge toute responsabilité dans le choix de la date.

« Il n’y a aucune volonté politique dans le choix de cette date. Les commémorations du génocide des Tutsi n’étaient clairement pas dans le radar des programmateurs« , assure un autre organisateur.

La colère est d’autant plus grande chez les Rwandais que Gims, un des artistes prévus sur scène avec Youssoupha et Angélique Kidjo, est accusé d’avoir « déjà tenu des propos contre les Tutsi ».

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