Mauritanie : le président Ghazouani impose le changement, à son rythme

Investi à la tête de l’Etat le 1er août 2019, Mohamed Ould Ghazouani a posé les premiers jalons d’une transition démocratique en Mauritanie. Il reçoit progressivement la classe politique nationale et rompt avec le style autoritaire de son mentor et prédécesseur Mohamed Ould Abdelaziz.

Cela fera bientôt trois mois que Mohamed Ould Ghazouani a accédé à la présidence de la République de Mauritanie. Et déjà l’on peut percevoir les changements dans le climat politique national. Au style rude et liberticide de son « frère » et prédécesseur Mohamed Ould Abdelaziz, il oppose le dialogue autant avec les partis de la majorité que ceux de l’opposition. Ces derniers avaient contesté son élection, intervenue le dimanche 23 juin 2019. Mais Ghazouani a su faire baisser les tensions en recevant à tour de rôle les principaux leaders en septembre.

« J’ai constaté beaucoup d’ouverture, de pondération et de modération »

Le nouveau chef de l’Etat a accordé une audience aux présidents du RFD, Ahmed O. Daddah, de l’APP Messaoud O. Boulkhair, de l’UFP Mohamed O. Maouloud, du parti Sawab Abdessalam O. Horma et du parti abolitionniste IRA Biram Dah Abeid. Le dernier cité a déclaré, quelques jours après, sur RFI, qu’il avait été agréablement surpris par la personnalité de Mohamed Ould Ghazouani. « Bien que je ne suis pas parmi ceux qui ont parié sur une scission nette entre l’actuel président et son prédécesseur, je considère quand même que, dans la démarche personnelle du président Ghazouani, il y a du nouveau au sommet de l’État. J’ai discuté pendant plusieurs heures avec monsieur Ghazouani et j’ai constaté beaucoup d’ouverture, de pondération et de modération », avait confié celui qui était arrivé en deuxième position au dernier scrutin présidentiel.

Va-t-il mettre fin à l’exil de plusieurs leaders ?

Au cours de cette première phase de « dialogue national », l’opposition a unanimement exigé l’abandon des poursuites judiciaires contre les leaders politiques en exil. Parmi eux les hommes d’affaires Mohamed Ould Bouamatou et Moustapha Chafi. L’un est accusé de corruption, l’autre de complicité avec le terrorisme. Des sources proches du pouvoir de Nouakchott indiquent que le président Ghazouani prépare une amnistie générale qui devrait être officiellement annoncée avant les célébrations de la fête de l’indépendance, le 28 novembre prochain.

Il faut noter que dès son accession au pouvoir, le chef de l’Etat mauritanien a ordonné la remise en liberté de Mohamed Cheikh Ould Mkheïtir, un blogueur emprisonné depuis 5 ans pour blasphème. Cette ouverture du président Ghazouani est un signal fort en faveur d’une transition démocratique en Mauritanie, après 11 ans de pouvoir autocratique de la part de Mohamed Ould Abdelaziz. Les ONG de droit de l’Homme telles que Human Rights Watch exhortent toutefois le Général à marquer une franche rupture.

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